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Aéronautique

Interview de Clara et Alicia, pilotes de ligne

Par Charlotte Dalmont

À 26 et 22 ans, Clara Cucci et Alicia Roma, originaires du Pays basque, sont pilotes de ligne. La première, aguerrie aux avions Embraer 170/190, vient d'intégrer HOP! la compagnie aérienne court et moyen-courrier, filiale du Groupe Air France. La seconde est aux commandes de Boeing 737-300/900 chez ASL Airlines France. Elles nous retracent leur admirable parcours, dans un secteur de l’aéronautique qui peine à se féminiser.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir pilote ?

Clara Cucci : Mon père a une licence de pilote privé (PPL), et il m’a amenée à l’aéro-club de Biarritz. Ça m’a donné envie. Je ne me serais jamais imaginé devenir pilote sans ça.

Alicia Roma : Personne dans ma famille ne pilote. Mes parents tiennent une pizzeria. Au collège, on nous a appris qu’il existait le Brevet d’initiation aéronautique (BIA). Je trouvais ça très intéressant. À l’époque, je voulais devenir radiologue et finalement j’ai réfléchi. Depuis toute petite, j’adore les aéroports et prendre l’avion donc je me suis dit : « Pourquoi ne pas devenir pilote ? » J’ai commencé le BIA à 14 ans et voilà.

Quel a été votre parcours ? Est-ce difficile de s’intégrer en tant que femme ?

C.C. : C’est vrai que c’est à 90, voire 95 % masculin. Dans ma classe, on était seulement deux femmes et cela faisait quatre ans que ce n’était pas arrivé. En France, nous ne sommes que 10 % de femmes pilotes. Il y a deux types d’études. Il y a des écoles intégrées où l’on fait toute la formation avec une même école. Ou des écoles modulaires où le programme est plus flexible, on peut travailler en même temps. Personnellement, j’ai fait une école intégrée pour finir rapidement mes études. En dix-huit mois, j’avais terminé la formation. Six mois plus tard, j’ai trouvé du travail. J’ai fait ça directement après le lycée.

A.R. : Moi j’ai fait en modulaire. Il y a quatorze examens à passer. J’ai pu les faire sans professeurs, sans cours. Il a fallu que je me donne à fond pour être au même niveau que les autres. Ça coûtait moins cher qu’une école intégrée. Ensuite, je suis partie en Belgique pour tout ce qui est pratique. Il faut être très proactif, et je pouvais travailler à côté pour gagner un peu d’argent.

Femme pilote

Quel est le coût des études ?

C.C. : En moyenne, pour une école intégrée il faut compter entre 80 000 € et 130 000 €

Que pensez-vous des simulateurs de vol ?

A.R. : C’est très bien. Il ne nous faut pas grand-chose pour pouvoir nous entraîner, tant que cela ressemble à un cockpit. Pour tout ce qui est environnemental, la météo, c’est encore compliqué. Cela reproduit les conditions mais pas tout à fait comme dans la réalité.

C.C. : Je trouve cela très bien. Comme le dit Alicia, ce qui est important est l’intérieur du cockpit, les boutons, etc. Le plus important est de pouvoir utiliser l’interface que l’on a. Je dirais que c’est à 90 % réaliste. C’est un très bon entraînement.

Ressentez-vous du stress avant de décoller ?

A.R. : Pour moi qui suis au début de ma carrière, oui.

C.C. : Moi je n’ai pas de stress particulier, je suis contente. Le jour de mon premier vol, j’étais excitée à l’idée d’avoir mes premiers passagers.

Quel est votre meilleur souvenir en vol ?

C.C. : Mon meilleur souvenir est quand j’ai eu mon père sur mon vol. C’est grâce à lui que je suis dans le métier, j’étais tellement fière. L’autre chose c’est que dans ce métier, on a la plus belle vue possible. Un jour j’étais au milieu de l’océan Indien, en pleine nuit. J’ai regardé le ciel avec les étoiles, c’était magnifique. Je me suis dit : « Qu’est-ce que j’ai de la chance d’être là ! »

A.R. : J’avais loué un petit avion dans les Alpes pour avoir des heures de vol. Je faisais le tour de France, je suis allée le long du mont Blanc toute seule pour avoir de l’expérience et prendre mes responsabilités. C’était incroyable.

biarritz.aeroport.fr

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