Côte Basque Madame n°42
©Côte Basque Madame
La Vie avec l'Endométriose
19 novembre 2024
Mes hormones et moi
Par Julie Legrand
Les mots sont tombés il y a quelques mois : « Vous êtes atteinte d’endométriose » ; l’errance médicale que je traîne depuis douze ans a enfin un nom. Cette maladie, qui touche une femme sur dix, reste pourtant aujourd’hui méconnue et sous-diagnostiquée.
une maladie chronique inflammatoire
L’endométriose est une maladie chronique inflammatoire réagissant aux fluctuations hormonales. Les hormones jouent un rôle fondamental dans la santé et le bien-être tout au long de la vie, orchestrant de nombreuses fonctions vitales comme le métabolisme, la régulation du cycle menstruel, la gestion du stress, ou encore la reproduction — si l’envie s’y prête. Cependant, lorsque cet équilibre est perturbé, les conséquences peuvent être considérables sur la qualité de vie.
L’endométriose et le dérèglement hormonal
Les dérèglements hormonaux surviennent quand le corps produit trop ou pas assez de certaines hormones, ou lorsque les récepteurs hormonaux ne fonctionnent pas correctement.
Les causes sont variées : stress chronique, alimentation déséquilibrée, manque de sommeil et d’exercice physique, exposition à des perturbateurs endocriniens, des facteurs naturels comme la puberté, la grossesse ou la ménopause, et des conditions médicales sous-jacentes (médicaments, dérèglement de la thyroïde, maladies auto-immunes, syndrome des ovaires polykystiques [SOPK], etc.).
Marie Jeanmougin, naturopathe spécialisée dans l’équilibre hormonal féminin, souligne également l’impact de l’arrêt de la pilule contraceptive : « Agissant comme un puissant perturbateur endocrinien, la pilule masque certaines pathologies et peut être le point de départ des dérèglements hormonaux, comme le SOPK, souvent découvert à l’arrêt de celle-ci. Aussi, puisqu’elle coupe la communication entre le cerveau et les ovaires, et inhibe notre synthèse endogène d’hormones sexuelles, la remise en route des cycles menstruels est parfois compliquée… de manière transitoire heureusement ! »
Les symptômes courants incluent des irrégularités menstruelles, des troubles de l’humeur, de la fatigue chronique, des fluctuations de poids, de l’acné, ou une diminution de la libido. Ces manifestations peuvent avoir un impact significatif sur la vie quotidienne, affectant les relations personnelles, la performance professionnelle et l’estime de soi. Il est donc crucial de reconnaître ces signes et de consulter un professionnel de santé pour un diagnostic précis.
Les différentes formes de l’endométriose
L’endométriose se caractérise par la présence de tissu semblable à l’endomètre (la muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus) en dehors de la cavité utérine. Marie Jeanmougin précise : « Cette condition peut être aggravée par un déséquilibre hormonal en faveur d’un excès d’œstrogènes ou d’un manque de progestérone. Les œstrogènes stimulent le développement du tissu endométrial, tandis que la progestérone réduit l’inflammation de l’endomètre. »
Les symptômes les plus courants sont des douleurs pelviennes intenses, un flux menstruel abondant, des dyspareunies, des troubles digestifs, de l’humeur et du sommeil, et parfois des problèmes de fertilité.
L’endométriose peut se manifester sous diverses formes : adénomyose, endométriose ovarienne, péritonéale superficielle, profonde, urinaire, mais aussi diaphragmatique et digestive. Ces formes peuvent coexister chez une même personne, compliquant le diagnostic et la prise en charge.
L’endométriose digestive, fréquente mais sous-diagnostiquée, peut malheureusement être confondue avec le syndrome de l’intestin irritable.
Le diagnostic, qui nécessite souvent une combinaison d’examens, incluant l’imagerie (échographie, IRM) et parfois la cœlioscopie, reste aujourd’hui un défi. Le retard d’une prise en charge sérieuse s’explique en partie par la normalisation des douleurs menstruelles et le manque de sensibilisation à cette maladie.
Les traitements actuels visent à soulager les symptômes et à ralentir la progression de la maladie. Ils incluent des antidouleurs, des traitements hormonaux, et parfois une intervention chirurgicale.
Vers une meilleure compréhension et prise en charge
L’équilibre hormonal est un enjeu majeur de la santé. Une meilleure sensibilisation et un dialogue ouvert sont essentiels pour reconnaître les signes précoces et chercher l’aide appropriée. Il est crucial que les femmes soient à l’écoute de leur corps et consultent face à des symptômes persistants. Une prise en charge précoce peut grandement améliorer la qualité de vie.
Au Pays basque, l’association Elle, la vie, l’avenir œuvre pour informer, sensibiliser le public à cette pathologie à travers des interventions régulières dans les établissements scolaires et dans le secteur du travail.
N’oubliez pas que cet article ne remplace pas une consultation médicale. Il est important de consulter un professionnel de santé.
Ne baissez pas les bras face aux rendez-vous sans succès. Il suffit d’une bonne personne pour tout changer.
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