Quand on est une infatigable femme de caractère et de réussite, une bosseuse au top de son savoir-faire qui a réussi son parcours en bâtissant des gratte-ciel, quand on est riche, reconnue, heureuse en affaires autant qu’en amour et qu’un jour, après avoir pris une retraite anticipée, l’édifice familial qui a aussi construit notre vie perso s’écroule à la cinquantaine, plus difficile est la chute… Et pourtant !
Ce qui n’était pas prévu était peut-être ce qui était écrit. Loin de se laisser abattre, après le départ de sa fille et sa séparation d’avec Pierre, son mari, Agnès, qu’interprète la captivante Florence Pernel, va être amenée à changer, à s’investir puis à s’engager pour donner un autre sens, une autre raison utile à sa vie. Loin des préjugés et des a priori, une rencontre improbable avec un couple de migrants va la transformer.
À travers ce Huitième ciel, ce n’est pas seulement l’histoire d’un couple qui fait des choix, mais ce sont aussi les décisions qui s’imposent face aux évènements imprévus, comme ici, cette rencontre des puissants et des faibles qui permet de connaître et d’accorder sa confiance à celui qui est différent de nous-même. Comme le souligne l’auteur : « C’est à travers cette confiance que nous pouvons aller au-delà de nos limites, avancer et évoluer. Prendre une décision à un moment peut changer sa vie. »
Habile et pleine d’empathie, la pièce aux accents allégoriques de Jean-Philippe Daguerre a la couleur d’une comédie aux abords presque légers et au dessin affirmé d’un mélo positif, profondément humain.
Humain, humanisation, humanisme, humanité, les mots sont lâchés ici, dans cette contemporaine histoire au cœur de l’actualité, dans laquelle s’entrecroisent rédemption, réflexion, compréhension, remise en question et le droit à la deuxième chance.
Avec force, émotion, humour et une sacrée dose de savoir-faire, les mots de Daguerre, portés par l’ensemble d’une distribution parfaite, visent juste et atteignent subtilement cœurs et âme. Si au théâtre, le fond prime sur la forme, on est quasiment sûr de partir au huitième ciel, même en restant bien assis dans son fauteuil…